sculpteurs, architectes et urbanistes
dès le lancement d'un projet.
Le peintre intervient encore beaucoup trop en surcharge
ou en accessoiriste.
Cet irrationnel invite, en lui donnant toute sa place,
le carré noir sur fond blanc de Casimir Malevitch, lequel consent
bien volontiers à la partager
avec le petit bouquet de violettes de Nicolas de Staël
et une des superbes ardoises d'Alberto Magnelli.
Si pendant la période gothique, durant plusieurs siècles,
les créateurs de vitraux, de fresques,
ont accompli des merveilles, ils avaient derrière eux
des générations de plasticiens
qui avaient su intégrer lentement et résoudre les problèmes
posés dans une construction, immobile pour l'essentiel
dans sa conception et ses grands principes, à travers toute l'Europe.
L'être de ces œuvres transcende la taille.
Et la circulation des idées est d'une alchimie bien trop complexe,
pour être limitée et réduite
aux canaux de circulation les plus évidents.
Bien comprendre le passé, pour assumer efficacement,
sans trop de déboire le présent et projeter l'avenir,
suppose la mise en œuvre progressive d'une cohérence,
d'une construction qui prend sa force en s'appuyant simultanément
sur les raisons et les expressions de connaissance
de tous les temps et de tous les lieux,
sans effet discriminatoire, par principe.
La parfaite intégration était donc déterminée,
sans grands changements possibles, dans le temps et dans l'espace.
Tous ces dessinateurs voyageaient beaucoup.
Loin de l’uniforme, une cohérence approfondit le savoir.
Elle s’affirme dans un mouvement progressif qui pressant le partage.
L'architecture contemporaine éclate et foisonne de possibles,
ce qui impose une intervention
profondément différente qui exclut l'habitude.
Ce mouvement, cette vie qui ne se force pas
rejoint le chemin de la création, avec une curiosité qui s’amplifie
rythmée par de grands moments de bonheur,
malgré la remise en cause constante de l'accomplissement.
L'état de créateur, tatillon dans son individualisme, n'apparaît
vivant que dans son immense diversité.
Mais par une opposition, toute constructive,
l'envie se manifeste de passer du monumental à des œuvres
de dimensions discrètes. Modestes dans leur taille,
elles rayonnent et occupent avec toutes les apparences
de l'élan irréversible,
un espace social qui continue de surprendre.
Il faudra le courage d'aborder avec un intérêt sans faille,
l'abondance moderne dans sa mosaïque de tendances et sa diversité.
Toujours construire, pour d'ensemble se construire.
Discerner dans la profusion présente et passée, s'essayer à comprendre
le connu étourdissant qu'elle suppose
et qui nourrit cette entité particulière : la peinture.
Peintures de manuscrits des 7ème et 8ème siècles irlandais,
icônes anciennes,
un attrait irrationnel se manifeste à leur égard très lentement,
mais toujours plus largement partagé.
D.M. 26 juin 2000